L’Initiative de Recherche PREF « Prise de Risque des Épargnants Français » a organisé, en partenariat avec l’Université d’Orléans, l’Institut Louis Bachelier (ILB) et Yomoni, un workshop “Financial advice, Profiling and Portfolio Choice of Households”, qui s’est déroulé le 8 décembre dernier, à l’ILB. Cet évènement académique s’est inscrit dans le cadre du programme Finance and Insurance Reloaded (FaIR) de l’ILB. 

Ce workshop a permis de présenter des travaux récents sur les questions de conseil financier, de profilage et de choix de portefeuille des ménages et de l’impact de l’introduction des robo advisors. Les articles présentés durant l’évènement ont soulevé des problématiques d’actualité sur le sujet, notamment la question de la délégation du choix de portefeuille, du devenir du profilage financier entre conseil humain et conseil algorithmique.  

Les conseillers financiers physiques face à leurs clients

L’introduction de la journée a été faite par Yomoni, le partenaire industriel de l’initiative de recherche « PREF », représenté par son COO Clément Berlioz. Ce dernier a souligné et illustré les enjeux liés au conseil financier, au profilage et aux choix de portefeuille des ménages.

Ensuite, les chercheurs invités se sont succédé et ont présenté leurs travaux. Ainsi, Matthias Stefan de l’Université d’Innsbruck en Autriche a présenté son travail You can’t always get what you want—An experiment on finance professionals’ decisions for others”,co-écrit avec Martin Holmén (Universityé de Gothenburg), Felix Holzmeister (Université d’Innsbruck), Michael Kirchler (Université de Lund) et Erik Wengström (Hanken School of Economics). Leurs travaux montrent que les professionnels de la finance font preuve d’une qualité décisionnelle supérieure à celle de la population générale lorsqu’ils investissent pour leur propre compte, mais que quand ils décident au nom des clients, la qualité de prise de décision des professionnels ne diffère pas significativement de celle de leurs clients.  

Les robots-conseillers prennent-ils en compte davantage les préférences des ménages ?

Béatrice Boulu-Reshef (Université d’Orléans, LEO) a présenté son travail Algorithmic vs. Human Portfolio Choice”, co-écrit avec Alexis Direr (Université d’Orléans, LEO) et Nicole von Wilczur (Ayolab). Cet article étudie l’interaction entre les recommandations de portefeuille faites par un robot-conseiller, ici Yomoni, et ses utilisateurs et leur permet ensuite de choisir leur exposition au risque après avoir reçu cette recommandation. Les résultats mettent en évidence que les profils de risque recommandés par le robot-conseiller sont qualitativement alignés sur la théorie du portefeuille financier et que, bien qu’une variété d’informations soit utilisée par l’algorithme, la recommandation est fortement basée sur les réponses concernant la prise de risques financiers.

Puis, Marie Brière (Amundi Asset Management, Université Paris Dauphine) a présenté son article Augmenting Investment Decisions with Robo-Advice, co-écrit avec Milo Bianchi (Toulouse School of Economics). Cet article analyse la mise en place d’un robot-conseiller dans le cadre des plans d’épargne salariale d’Amundi. Il montre que ce service augmente l’attention des investisseurs à leur plan d’épargne ainsi que leur exposition aux marchés actions et modifie la dynamique de rebalancement du portefeuille grâce à l’envoi d’alertes. Ces changements permettent d’améliorer la performance des portefeuilles conseillés, notamment pour les investisseurs les plus modestes, qui ont rarement accès au conseil financier.

De son côté, Indigo Jentry Jones (Université d’Orléans, LEO) a présenté son papier ” Who invests on behalf of their children and how?: Evidence from a robo-advisor “, co-écrit avec Alexis Direr qui étudie les comportements d’investissement des parents pour leur enfant. Il montre ainsi l’existence de biais de genre et de similarité entre les profils de risque des parents et de enfants.

Enfin, Philippe d’Astous (HEC Montréal) a présenté son papier The Quality of Financial Advice: What Influences Client Recommendations?”, co-écrit avec Irina Gemmo (HEC Montréal) et Pierre-Carl Michaud (HEC Montréal), qui montre que les recommandations financières sont souvent conformes à ce que l’on pourrait attendre compte tenu de la théorie économique. En particulier, les conseils sont sensibles, de la manière attendue, aux coûts et avantages relatifs des options de placement. Leurs travaux illustrent notamment que les conseillers sont davantage susceptibles de recommander des produits qu’ils possèdent eux-mêmes, que leur conjoint possède ou qu’ils sont autorisés à vendre.

Les excellentes discussions des papiers mentionnés précédemment ont été données par Hela Maafi (Université Paris 8, Vincennes-Saint Denis), Sylvain Carré (Université Paris-Dauphine PSL), Frédéric Loss (ENSAE Paris), Luc Arrondel (Paris School of Economics) et Thomas Renault (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).