Pour un investisseur en Bourse, le fait d’être peu attentif aux informations concernant ses titres portefeuille n’est pas sans conséquence. L’inattention aggrave des biais de comportement souvent rencontrés, comme le fait de conserver trop longtemps des titres en baisse, et de vendre au contraire trop vite des actions en hausse, souligne Joël Peress (Insead). 
 
En quoi la psychologie de l’investisseur en Bourse influe-t-elle sur son comportement, sur ses achats, ses performances ? De nombreuses études se sont penchées sur le sujet, mais un aspect focalise de plus en plus la recherche, c’est celui de la capacité… ou non de l’investisseur à être attentif aux nouvelles qui concernent son portefeuille. Car de nombreux « boursicoteurs » ne s’occupent qu’à temps perdu de leurs actions.
C’est ce que Joël Peress (Insead) appelle l’effet « d’inattention ». Hedi Benamar (HEC) évoque, lui, une « attention limitée ». Tous deux ont présenté leurs travaux lors d’une matinale scientifique organisée par l’Institut Louis Bachelier, le 23 avril.
 
Joël Peress mesure l’inattention par la capacité plus ou moins grande des détenteurs de titres à réagir à une information importante, reprise par la presse. L’investisseur particulièrement attentif arbitrera le jour même de l’annonce, réagissant au communiqué de la société sans attendre les articles de presse paraissant le lendemain. Le distrait n’interviendra qu’après avoir lu la presse, voire quelques jours plus tard. 
Avec quelles conséquences? Joël Peress souligne que le fait d’être inattentif ou non ne change pas les performances de l’investisseur trop sûr de lui : cet épargnant qui se croit plus avisé que la moyenne – plus souvent un homme qu’une femme- prend souvent des décisions à l’emporte pièce, achète et vend très souvent (ce qui engendre des coûts de transaction trop élevés, et donc une performance boursière dégradée). Qu’il porte attention aux nouvelles, ou non, ne fait donc pas varier les gains de son portefeuille.
En revanche, l’inattention aggrave certains biais de comportement, remarqués par ailleurs chez des investisseurs individuels. Ainsi, nombre d’entre eux conservent trop longtemps des titres dont la valeur s’est dépréciée –peut-être attendent-ils en vain des jours meilleurs- et vendent au contraire trop rapidement des actions en hausse. Ce travers sera aggravé chez un investisseur inattentif. 
 
De même, nombreux sont les épargnants à ne pas prendre les bonnes décisions qu’imposerait une gestion rationnelle de la taxation des titres : ils devraient enregistrer rapidement les moins-values, pour baisser leur impôt, et retarder au contraire la déclaration des plus-values. Souvent, leur comportement n’est pas des plus efficaces, de ce point de vue, et le fait d’être inattentif renforce encore ce défaut.
Hedi Benamar souligne, lui, à quel point l’inattention peut avoir un impact sensible sur le marché boursier. La passivité de certains investisseurs, qui devraient théoriquement réagir aux informations, limite la liquidité de la Bourse. Et elle leur fait perdre de la performance.
chapo
Pour un investisseur en Bourse, le fait d’être peu attentif aux informations concernant ses titres portefeuille n’est pas sans conséquences. L’inattention aggrave des biais de comportement souvent rencontrés, comme le fait de conserver trop longtemps des titres en baisse, et de vendre au contraire trop vite des actions en hausse, souligne Joël Peress (Insead).