Au premier trimestre 2022, en France, le taux de chômage s’est établi à 7,3 % de la population active, contre 8,1 % en fin d’année 2020. Au regard de ces chiffres, le chômage a fait plus que résister à la crise sanitaire provoquée par la pandémie de la Covid-19. Il est même revenu à son niveau antérieur à la pandémie. Ce résultat remarquable et contre-intuitif – eu égard à l’ampleur du choc économique engendré par les restrictions sanitaires (confinements, fermetures de commerces non-essentiels) – est principalement dû aux mesures de protection mises en place massivement par les pouvoirs publics, en premier lieu desquelles le chômage partiel, et ce au niveau européen ce qui est une première.

Avec le redémarrage de l’économie en 2021 – et espérons-le sa continuité en 2022, mais cela dépendra notamment des conséquences de la guerre en Ukraine – les tensions sur le marché du travail se sont accrues. Depuis plusieurs mois déjà, les entreprises éprouvent des difficultés à recruter et ce dans de nombreux secteurs, en particulier l’hôtellerie-restauration, les ventes aux détails, les services à la personne… Si le spectre de la grande démission, le phénomène observé aux États-Unis où des millions de salariés quittent leurs emplois, n’est pas à l’ordre du jour en
France, il y a tout de même des motifs d’inquiétude et les entreprises doivent ainsi redoubler d’efforts pour attirer les meilleurs candidats ou tout simplement des candidats.

Cette situation, somme tout atypique, ne doit pourtant pas faire oublier les lacunes structurelles du marché de l’emploi : une faible insertion des jeunes, une proportion élevée de jeunes décrocheurs scolaires sans emploi ni formation, un chômage important chez les seniors ou encore un taux de participation sur le marché du travail plus faible que dans des pays voisins… Pour y remédier, le gouvernement ambitionne de réformer le marché du travail et de réduire les dépenses de l’assurance-chômage dans les prochains mois. Et l’avenir nous dira si cela fonctionne.

En attendant d’en savoir plus sur les contours de la future réforme, la recherche académique permet d’éclairer le débat public en analysant certains dispositifs publics existants. À l ’ Institut Louis Bachelier, la chaire Sécurisation des parcours professionnels produit des travaux d’excellence sur le marché du travail, notamment par le biais de
modélisations et d’expérimentations. Ce nouveau numéro des Cahiers Louis Bachelier constitue une nouvelle illustration de ses contributions. Dans le premier article, vous retrouverez la synthèse de travaux menés sur les conséquences des confinements sur les grands agrégats macroéconomiques. Le deuxième texte analyse les impacts de la hausse des salaires minimums sur la dynamique des salaires globaux, un sujet on ne peut plus d’actualité ! Le troisième article porte sur l’activité réduite des chômeurs et les coûts induits pour le système d’assurance-chômage. Quant au quatrième article, il concerne les conséquences de l’information fournie aux chômeurs sur les formations.
Enfin, le dernier texte aborde une expérience aléatoire menée auprès de décrocheurs scolaires pour identifier leurs motivations à contacter une mission locale.

Bonne lecture !

Jean-Michel Beacco, délégué général de l’Institut Louis Bachelier (ILB)