La politique monétaire dans les modèles économétriques : primat de la théorie sur l'empirie.

Auteurs
Date de publication
2014
Type de publication
Thèse
Résumé En s'appuyant sur les limites de l'économétrie mises en évidence dans les débats sur la politique monétaire depuis les années 1960, cette thèse s'attache à montrer le primat de la théorie sur l'empirie et que l'économétrie ne peut pas être décisive dans la remise en cause de la théorie. Nous adoptons une démarche basée sur des arguments épistémologiques pour montrer que ces débat dépassent le clivage théorie/empirie et intègrent une différence de vision quant à l'utilité d'un modèle empirique. Le programme de recherche de la Commission Cowles s'est constitué autour d'une articulation particulière de trois éléments fondamentaux. Un référentiel théorique issu de la Théorie Générale de Keynes, un modèle formel s'appuyant sur le relatif consensus autour du schéma IS-LM et des techniques économétriques pour estimer les paramètres de ce modèle. C'est la nature et le degré d'interdépendance entre les trois éléments ci-dessus qui sont remis en cause par les monétaristes et les tenants de la modélisation VAR. Alors que les keynésiens établissent une nette distinction entre le modèle théorique et le modèle estimé, pour les monétaristes cette distinction n'est pas claire et ne leur semble pas pertinente. Sims (1980) reproche aux modèles structurels de la Commission Cowles de comporter trop d'hypothèses théoriques non testées empiriquement. Il propose de soumettre les hypothèses d'exogénéité à des tests économétriques directs et précis. Toutefois, l'indétermination empirique de la causalité dans un modèle VAR, liée au problème de l'équivalence observationnelle (Basmann, 1965), impose l'adoption d'un schéma d'identification sur la base d'a priori théorique pour identifier les chocs de politique monétaire. Ceci constitue un cas extrême du problème de la sous-détermination de la théorie par les données soulevé par la thèse de Duhem-Quine (Duhem, 1906, Quine, 1951). De plus, Hoover (2009) note que l'analyse des réponses impulsionnelles dans un VAR fournit un bon exemple de ce que Cartwright (2007) qualifie de ‘'contrefactuel imposteur''. Le développement des Modèles à Correction d'Erreurs et des modèles VAR cointégrés a permis de renouveler l'analyse des propositions monétaristes. Toutefois, les liens entre les propositions de cointégration, les notions d'équilibre de long terme et de déséquilibre de court terme sont rarement interprétés dans le cadre d'un modèle théorique rigoureux et complètement spécifié. Pour Faust et Leeper (1994), l'identification d'un modèle par l'imposition de contraintes peut s'avérer non fructueuse lorsque la théorie économique n'établit pas de distinction claire entre les dynamiques de court et de long terme. Faust et Whiteman (1997) relèvent l'absence d'un critère d'arbitrage dans ces démarches en présence de conflit entre le principe théorique et l'ajustement aux données, sinon une subordination de la théorie à l'économétrie. Parallèlement au problème de l'identification, la critique de Lucas (1976) constitue la seconde critique fondamentale à laquelle se heurtent les modèles économétriques. Lucas (1980, 1986) adopte une nouvelle posture épistémologique en considérant le modèle théorique comme une ‘'fiction'' et non plus comme un ensemble de propositions sur le comportement d'une économie réelle. Il défend l'idée d'une explication du cycle en termes de discipline de l'équilibre (Lucas, 1977). Les modèles DSGE, qui constituant les modèles de base de la Nouvelle Synthèse, sont fortement influencés par la méthodologie lucasienne et s'inscrivent dans la continuité des modèles RBC (Taouil, 2011). Benati et Surico (2009) ont établi la supériorité des DSGE par rapport aux VAR structurels (SVAR). Cet échec des SVAR est la conséquence directe des restrictions inter-équations imposées par l'hypothèse des anticipations rationnelles, tel que cela a été initialement soulevé par la critique de Sargent (1979).
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