Grèves, conflits du travail et performances des entreprises en France.

Auteurs
Date de publication
2012
Type de publication
Thèse
Résumé Cette thèse propose trois essais empiriques consacrés à l'analyse des grèves en France, à partir de données récentes d'établissements et d'entreprises et l'utilisation de méthodes économétriques variées. Très peu d'études quantitatives, d'inspiration économique, ont été menées sur ce sujet en France, contrastant avec une littérature anglo-saxonne particulièrement étendue sur l'analyse économique des grèves. Le déclin de la syndicalisation et de l'action collective des salariés a néanmoins conduit à un déplacement progressif de l'intérêt des chercheurs anglo-saxons, en économie du travail et en relations industrielles (ou industrial relations), vers l'étude des relations de travail individuelles entre salariés et employeurs. L'individualisation des emplois et des relations de travail dans les entreprises est souvent considérée comme orthogonale à l'action collective des salariés. Le déclin des grèves et autres formes collectives de conflit a pu notamment être associé, dans la littérature anglo-saxonne, à une augmentation des manifestations individuelles de conflit et de la dispersion ou inégalité globale des salaires dans les entreprises. Nous proposons, dans cette thèse, une analyse originale des grèves en France, en lien avec ces deux aspects, caractéristiques de l'individualisation des emplois et des relations de travail dans les entreprises. Le premier chapitre s'intéresse à la relation existant entre l'expression collective de conflit, dont les grèves, et des formes individuelles de conflit croissantes dans les établissements français, i.e. les recours aux prud'hommes et l'action disciplinaire. L'analyse conduite révèle une relation de substitution entre l'expression collective de conflit et le recours aux prud'hommes des salariés, tandis que les grèves et autres conflits collectifs tendent parallèlement à s'associer à un recours accru des employeurs à l'action disciplinaire. Le deuxième chapitre considère explicitement cette relation, plus spécifiquement entre les grèves et l'absentéisme des salariés, dans l'estimation et l'analyse de l'effet des grèves sur la productivité du travail des entreprises françaises. L'occurrence de grèves sur la période récente passée tend à s'associer à un gain de productivité du travail dans les entreprises concernées par une faible fréquence de grèves, sous condition que celles-ci soient associées à une expression individuelle de mécontentement des salariés (i.e. absentéisme) plus faible.Le troisième chapitre examine le rôle de la dispersion salariale intra-firme dans les variations de l'activité de grève entre les établissements français. Si une forte dispersion des salaires au sein de la main d'oeuvre s'avère être un frein à la mobilisation collective des salariés dans des grèves, elle apparaît néanmoins être à l'origine d'une activité de grève plus soutenue, en termes de fréquence et de durée des grèves, dans certains établissements.
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