Les changements dans les niveaux d'éducation expliquent-ils les tendances de la prévalence du tabagisme ? Evidence from France.

Auteurs
Date de publication
2020
Type de publication
Autre
Résumé L'article analyse la relation entre éducation et tabagisme en France sur le siècle dernier, à l'aide de séries temporelles de prix et de vente, de plusieurs enquêtes sur les diplômes des Français, et de données individuelles rétrospectives de carrières tabagiques. Une réduction de la consommation par tête ainsi qu'un déclin de l'élasticité-prix du tabac sont observés sur la seconde partie du 20e siècle. L'augmentation du niveau d'éducation moyen pourrait expliquer cette tendance car d'une part l'éducation peut améliorer la compréhension des messages de santé publique, c'est un argument d'efficience productive avancé traditionnellement en économie de la santé, et d'autre part parce que l'augmentation du niveau d'éducation est associée à une hausse du niveau de vie donc des coûts potentiels (en termes de pertes de bien-être) d'une mort précoce. Les auteurs essayent de tester la seconde explication en supposant que le bien-être de l'individu est relatif, et en utilisant la position des individus dans la distribution des diplômes propre à leur cohorte et leur genre comme proxie pour leur position sociale relative. Après avoir contrôlé les évolutions de prix et les hétérogénéités inobservées, ils trouvent que cette proxie est positivement corrélée à l'âge d'initiation à la cigarette et négativement corrélée à la durée du tabagisme, alors que l'éducation a peu d'effet sur cette durée. De plus, si l'argument d'efficience productive est valable, les plus éduqués doivent avoir des comportements plus élastiques au prix après 1976, lorsque campagnes d'information et hausses des taxes étaient corrélées. Cette prédiction est invalidée pour l'élasticité de l'âge d'initiation, mais est validée pour l'élasticité de la durée de la consommation. Cependant ce dernier résultat peut s'interpréter également en termes de coûts d'opportunité : sur le long-terme, les différences de coûts d'opportunité se traduisent par des consommations plus élevées et donc une dépendance plus importante au tabac et, finalement, une réactivité aux prix moindre. Ainsi, malgré l'augmentation massive du niveau d'éducation, les moins éduqués restent moins réactifs aux politiques anti-tabac essentiellement parce qu'ils ont moins d'incitations à arrêter de fumer. En conséquence, la réduction des ventes agrégées est surtout due à la réduction de la consommation dans les classes aisées.
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