Ce que "se tromper" signifie dans le monde des prévisions macroéconomiques.

Auteurs Date de publication
2015
Type de publication
Article de conférence
Résumé La prévision économique vise à esquisser des futurs possibles et à former ainsi les attentes des acteurs. Elle décrit un environnement institutionnel auquel les acteurs se conforment. Les attentes ressemblent à ce que Keynes (1936) a nommé "convention" et peuvent donner lieu à des bulles spéculatives et à des prophéties auto-réalisatrices (Orléan, 2011). Ces dernières fournissent une preuve paradoxale de la nature institutionnelle de l'environnement prévu : la croyance commune selon laquelle les comportements doivent tenir compte des états futurs de l'économie contribue à l'avènement effectif de ces états. Pour reprendre les termes économiques classiques de F. H. Knight (1921), les prévisions économiques sont un moyen de passer d'un avenir incertain à un avenir risqué en traduisant des scénarios sur l'avenir en chiffres, par exemple des prévisions de croissance du PIB. Les prévisions peuvent être considérées comme des "croyances" qui guident les actions économiques. Elles émergent et perdurent parce que les raisons pour lesquelles elles sont soutenues font sens pour les acteurs situés dans un environnement historique particulier (Weber, 1905). Une question clé est donc celle de la résistance des croyances dans des situations défavorables et des conditions dans lesquelles des acteurs rationnels interprètent un signe comme une "confirmation" ou une "invalidation" de leurs croyances. L'une des questions clés de la présentation est de comprendre comment les croyances et les attentes se maintiennent lorsqu'elles sont remises en question, ou lorsqu'on leur prouve qu'elles sont "fausses" - et donc de traiter la question de l'"erreur" dans le domaine des prévisions économiques. Le mot "erreur" (ainsi que les adjectifs comme "bon" ou "mauvais") est maintenu entre guillemets pour souligner qu'il n'est pas ici considéré d'un point de vue positiviste qui tente d'évaluer l'exactitude des prévisions par rapport à une soi-disant "réalité", mais considéré par rapport à la façon dont les acteurs réagissent à ce qu'ils considèrent comme des déclarations "erronées". En d'autres termes, la présentation étudie les conditions dans lesquelles les croyances sont " suspendues " dans des situations d'attentes fictives (Beckert, 2013). Elle fait valoir que l'" erreur " peut être définie de différentes manières, selon la façon dont la prévision est considérée : la limite technique d'une activité pratique, un inconvénient avec les croyances fondatrices d'un domaine, ou une menace pour la fiabilité des prévisionnistes et leurs positions sur le marché. Tout d'abord, le terme "erreur" doit être compris en référence à l'activité pratique de la prévision macroéconomique. L'avenir économique n'est pas connu et la situation économique à venir est trop singulière et complexe pour être décrite de manière exhaustive, d'où le fait que la prévision implique des conjectures et des délibérations : elle implique des "pratiques prudentielles" (Champy, 2011). Ce processus s'appuie de manière décisive sur la collecte d'informations par différents canaux, incluant à la fois des collègues prévisionnistes et des acteurs économiques (Evans, 1997. Reichman, 2013). Le "work in progress" de la prévision conduit à une révision continue afin de réduire les "erreurs résiduelles". Dans cette perspective, l'" erreur " marque la limite toujours repoussée de la connaissance et met en évidence les écarts entre ce que l'on sait (de la relation entre les variables d'un modèle économétrique et des valeurs qu'elles sont censées prendre) et les situations économiques réelles. Deuxièmement, les "erreurs" ex post ne sont généralement pas considérées comme des "erreurs" (de la part d'un prévisionniste) mais comme les résultats d'événements qui ne pouvaient pas être anticipés : plus les prévisionnistes les ont manqués, plus ils étaient imprévisibles. En s'appuyant sur l'exemple de l'enquête sur les prévisionnistes professionnels menée par la BCE, l'exposé a mis en lumière les manières dont les "erreurs" sont expliquées par les prévisionnistes, qui mettent l'accent sur les chocs inflationnistes imprévus ou sur la similitude des informations utilisées par les prévisionnistes (Garcia, 2003.
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