Le travail de Christian Gollier présenté dans ce numéro d’Opinions et Débats pose la difficile question de l’équilibre des efforts à faire porter sur les différentes générations, que ce soit en faveur du climat, des infrastructures, de la préservation des ressources naturelles, ou de la R&D par exemple. En faisons-nous assez pour l’avenir de nos enfants ? Ou, au contraire, nos efforts sont-ils vains, nous épuisons-nous inutilement, pour des résultats qui ne seront guère perceptibles ? Un débat qui prend tout son sens en cette période de croissance faible et de flambée des dettes.

Résumé :

En faisons-nous assez pour les générations futures ? Cette question est sous-jacente à de nombreuses questions économiques actuelles, comme celles de la réduction de la dette, de la réforme des retraites, de la lutte contre le changement climatique, de la préservation des ressources naturelles, des investissements d’infrastructure, ou de la fiscalité de l’épargne par exemple. Notre responsabilité sociale envers les générations futures se traduit en termes économiques par le taux d’actualisation, qui donne une valeur au futur relativement au présent, et qui détermine l’arbitrage présent/futur des agents économiques. Si on reconnait qu’une société court-termiste utilise un taux d’actualisation trop élevé, comment déterminer le niveau désirable de ce taux ? Dans cet article, je synthétise les importants développements scientifiques récents sur ce sujet. Etant donnée la baisse tendancielle de nos anticipations de croissance et les fortes incertitudes sur les évolutions longues de notre société, je recommande un taux sans risque s’étalant de deux fois le taux de croissance anticipé de la consommation (pour actualiser des cash-flows engendrés sur les horizons inférieurs à 20 ans) à 0% (pour des maturités au-delà de 100 ans). La prime de risque systématique devrait aussi avoir une structure par terme, s’étalant de 1% à court terme jusqu’à 3% pour le long terme.

Christian Gollier