L’initiative de recherche PREF « Prise de Risque des Épargnants Français » a organisé, le 7 décembre dernier, en partenariat avec l’Université d’Orléans, l’Institut Louis Bachelier (ILB) et Yomoni, un atelier sur le thème « Conseils financiers et préférences en matière de risque ». Cet événement académique – qui se tenait au PariSanté Campus – s’inscrivait dans le cadre du programme interdisiplinaire Finance and Insurance Reloaded (FaIR) de l’ILB.

Au cours de l’atelier, des travaux de recherche récents sur les questions du conseil financier, des robots-conseillers et des décisions d’investissement ont été présentés. Les interventions ont permis des échanges sur des sujets d’actualité, comme le pouvoir de négociation au sein des ménages, les interactions avec les robots ou les échanges entre les conseillers et leurs clients.

Les choix et préférences des investisseurs

La journée a été introduite par Laurent Arnau, responsable des produits chez Yomoni, le partenaire financier de l’initiative de recherche « PREF ». Son intervention a été centrée sur le rôle de l’aversion au risque dans les choix d’investissement des ménages. Les participants ont ensuite résumé leurs travaux.

Akash Raja (Copenhagen Business School) et Sigurd Mølster Galaasen (Norges Bank) ont présenté leur article “The Dynamics of Stock Market Participation”. A partir de 26 années de données sur le marché norvégien, les chercheurs ont étudié les entrées et sorties des individus sur le marché boursier. Ils concluent que les sorties précoces (après moins de deux ans) sont courantes, en particulier pour les personnes ayant un faible niveau de culture financière, et que la probabilité de sortie diminue avec le temps passé sur le marché. Le retour après un départ est courant, avec plus de 30% des sortants qui reviennent sur le marché dans les 4 ans, notamment chez ceux qui ont une culture financière élevée.

Sylvain Benoit (Université Paris Dauphine-PSL), Jérémy Dudek (CREST), et Indigo Jentry Jones (Université d’Orléans, LEO) sont revenus sur leur article « Managing a Lazy Investment ». L’investissement paresseux est une technique d’investissement consistant à effectuer peu d’arbitrage pour préférer la gestion passive. Leur revue de la littérature académique montre que certaines caractéristiques individuelles sont associées à une plus forte appétence pour le risque : hommes, jeunes, revenus élevés. Sur le long terme, les chercheurs estiment qu’une gestion active tend à être moins performante qu’une stratégie « buy and hold ».

Le rôle des conseillers financiers virtuels

Charline Uhr (Université d’Aarhus) a présenté son papier “When financial advice leads to positive performance: Evidence from repeated client-advisor interactions”. La performance passée des produits financiers choisis par les investisseurs (avec ou sans l’aide d’un conseiller financier) influence-t-elle les décisions futures ? Pour y répondre, Charline Uhr s’appuie sur un échantillon d’appels passés entre des investisseurs privés et leur conseiller. Elle montre que si les recommandations du conseiller ont conduit à une performance positive dans le passé, la probabilité que l’investisseur suive à nouveau un conseil augmente.

Marie Brière (Amundi Asset Management, Université Paris Dauphine-PSL) a présenté l’article « Human-robo Interactions in Investment Decisions » co-écrit avec Milo Bianchi (Toulouse School of Economics). Les chercheurs ont étudié les conséquences de l’usage des robots-conseillers sur les plans d’épargne salariale. Le robot étudié propose une allocation d’actifs cible et la mise en place d’une stratégie de rebalancement dynamique de portefeuille. Les interactions entre humain et robot ont lieu via des alertes assorties d’une recommandation de rebalancement, mais le robot laisse les investisseurs libres de les ignorer. Leur article souligne que l’usage du robot est associé à une augmentation de l’attention, de la part investie en actions et de la performance des investisseurs, en partie liée à la mise en place d’une politique de rebalancement du portefeuille dynamique. Le coût à laisser l’individu libre de suivre ou non les recommandations est en moyenne faible, mais avec une forte hétérogénéité individuelle, certains investisseurs faisant mieux ou moins bien que la recommandation du robot.

Indigo Jentry Jones (Université d’Orléans, LEO) a exposé son article « Qui investit au nom de ses enfants et comment ? témoignage d’un robot-conseiller », co-écrit avec Alexis Direr, qui étudie le comportement d’investissement des parents vis-à-vis de leurs enfants. Indigo Jentry Jones conclue à l’existence de préjugés sexistes et de similitudes entre les profils de risque des parents et des enfants.

Enfin, l’article “The Gender Gap in Household Bargaining Power: A Revealed-Preference Approach”, écrit par Ran Gu (Université d’Essex), Cameron Peng (London School of Economics & Political Science) et Weilong Zhang (Université de Cambridge), a été présenté. Lorsque les membres d’un ménage ont des préférences différentes en matière de risque, laquelle prédomine ? Les chercheurs constatent l’existence d’un écart significatif entre les hommes et les femmes concernant le pouvoir de négociation. S’il s’explique en partie par des différences telles que le revenu et l’emploi, il est également dû à des effets de genre.

Les discussions et les commentaires sur les articles de recherche ci-dessus ont été livrées par Sylvain Carré (Université Paris Dauphine-PSL), Olena Havrylchyk (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Antoine Baena (ACPR et Université Paris Dauphine-PSL), Fabrice Le Lec (Université de Lille), Claire Rimbaud (Université Paris Dauphine-PSL) et Frédéric Loss (ENSAE Paris et Université Paris Dauphine).