Pour lutter contre les « trappes » à inactivité, de nombreux pays utilisent des dispositifs consistant à accroître les gains financiers retirés des emplois à faible salaire. […] En France, il s’agit de la Prime Pour l’Emploi (PPE) et du Revenu de Solidarité Active (RSA). […]

Mais à compter du 1er janvier 2016, la Prime pour l’Emploi va disparaître et la Prime d’Activité va remplacer le RSA-Activité. Un point crucial est que ce dispositif sera ouvert à toutes les personnes de plus de 18 ans, hormis les jeunes en formation initiale. A l’instar de la plupart des pays européens, les jeunes Français les plus défavorisés vont enfin bénéficier d’un filet de sécurité dont rien n’indique qu’il favorisera l’oisiveté puisqu’il est conditionné à l’exercice d’une activité salariée.

Par ailleurs, nous avons vu que, d’après les expériences étrangères, il faut rendre le travail (très) payant pour que les incitations financières aient un impact significatif sur le retour vers l’emploi. En s’appuyant sur les chiffres fournis par le gouvernement, on peut estimer que pour une personne isolée ayant un enfant à charge l’écart de gain entre un travail au Smic à plein-temps et l’inactivité sera d’environ 320 euros par mois, soit un peu moins d’un tiers du salaire. Le pouvoir incitatif de la Prime d’Activité s’avère donc réel.

La simplification des aides sociales ne doit pas s’arrêter là

L’échec des dispositifs antérieurs tient aussi, pour une large part, à leur complexité. Ainsi, deux tiers des personnes éligibles au RSA ne le réclamaient pas. Si la Prime d’Activité se transforme en une usine à gaz incompréhensible, elle est aussi vouée à l’échec. Le gouvernement promet qu’elle reposera sur des démarches allégées où les bénéficiaires devront simplement déclarer tous les trois mois, par internet de préférence, leurs revenus d’activité et de remplacement perçus au cours du trimestre précédent. Un simulateur des droits permettra alors d’évaluer directement le montant de la prime.

Dans ces conditions, la Prime d’Activité pourrait bien devenir un outil efficace pour lutter contre les trappes à inactivité.

Mais le chantier de la simplification du maquis des aides sociales ne doit pas s’arrêter là. Il existe encore neuf minimas sociaux aux règles et aux montants différents. Pour améliorer la lisibilité et l’efficacité du système de lutte contre la pauvreté il faut harmoniser ce système et le suivi des bénéficiaires. Il faut également ouvrir le RSA socle aux jeunes à condition d’intensifier l’accompagnement vers l’emploi (voir Cahuc et al. [10], chapitre 8).

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