La 18ème édition des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence – qui s’est déroulée du 6 au 8 juillet sous le thème « Les métamorphoses du monde » –  a donné lieu à des débats entre économistes, chefs d’entreprises et politiques, ainsi que la traditionnelle déclaration finale du Cercle des Économistes, l’organisateur de ce « Davos provençal ».

En dépit d’un soleil de plomb, d’une ville en chantier et de la Coupe du monde de football, les participants étaient une nouvelle fois nombreux aux 18ème Rencontres économiques d’Aix-en-Provence.

Il faut dire qu’avec près de 250 intervenants venus du monde entier et 50 tables rondes, cet événement d’ampleur ambitionne de favoriser les réflexions sur l’économie internationale.

Et cette année, les discussions se sont particulièrement concentrées sur la montée alarmante du protectionnisme, les crises migratoires, les divisions européennes ou encore l’impact des nouvelles technologies sur l’économie.

Un monde divisé

Ces 18ème Rencontres économiques d’Aix-en-Provence se sont ainsi déroulées dans un contexte incertain et inquiétant en raison de la guerre commerciale lancée par le président Américain Donald Trump. « Il ne s’agit pas d’être catastrophiste, mais clairement, les perspectives ne sont pas bonnes », a ainsi déclaré Philippe Aghion, professeur au Collège de France, qui estime que cette guerre commerciale « va plomber la croissance mondiale, sans doute pendant plusieurs années », alors que le commerce international « accroît les débouchés pour les innovateurs » et « stimule la concurrence, qui est bonne pour l’innovation ».

Pour Olivier Blanchard, chercheur au Peterson Institute for International Economics et ancien économiste en chef du FMI : « Le danger, c’est qu’on entre dans une logique de « œil pour œil, dent pour dent», jusqu’à ce qu’on se fasse vraiment mal des deux côtés ».

Ce constat peu reluisant est également partagé par Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie et des Finances: «La question n’est pas de savoir s’il y aura ou non une guerre commerciale. La guerre commerciale a déjà commencé ».

Un cadre multilatéral à initier…

Pour faire face à cette situation, qualifiée « d’air mauvais » par le Cercle des Économistes, le think thank recommande d’instaurer une alliance multilatérale plutôt que le repli sur soi, qui s’est fortement accentué ces derniers mois.

« Fédérer un ensemble de pays volontaires, ceux qui croient au multilatéralisme, au sein d’une initiative, impulsée par l’Europe, appelée « Alliance Multilatérale » (AM) qui aurait pour rôle central de maintenir un dialogue au niveau mondial et de représenter un poids suffisant face aux nations qui le remettent en cause, notamment les États-Unis », ont ainsi écrit les trente économistes dans la première proposition de leur déclaration finale.

… Par une Europe forte et unie

Si la promotion du multilatéralisme doit être instiguée par l’Europe, encore faut-elle qu’elle dépasse les nombreux clivages existants entre ses pays membres et qu’elle fasse preuve d’unité. « «Les Européens ensemble, constituent une force, une puissance, lorsqu’ils sont unis », a admis Christine Lagarde, directrice générale du FMI.

Le Cercle des Économistes proposent donc de : « reconstruire l’Europe autour de ses valeurs fondamentales avec ceux qui les partagent tout en conservant le socle économique et financier. Nous sommes conscients que cela pourrait remettre en cause le fonctionnement des organisations existantes. C’est la raison pour laquelle il nous paraît essentiel de consolider les dispositifs financiers et fiscaux existants ». Parmi les gros urgents à mettre en œuvre en Europe figurent notamment la conclusion de l’union bancaire et un calendrier précis sur la future union des marchés de capitaux.

En attendant cet éventuel sursaut européen, le Cercle des Économistes nous donne rendez-vous l’an prochain…