Mesurer les préférences des épargnants : comment et pourquoi ?

Auteurs Date de publication
2013
Type de publication
Autre
Résumé La mesure des préférences individuelles des épargnants a deux motivations principales : réduire la part d'hétérogénéité non observée dans l'explication des comportements patrimoniaux des ménages, et construire des tests plus précis des théories de l'épargne et des choix de portefeuille. Pour la France, nous avons construit un jeu de données unique, les enquêtes PAT€R (PATrimonie et Préférences vis-à-vis du Temps et du Risque), avec la première enquête réalisée en 1998 par interview auprès de l'Insee, et les enquêtes suivantes menées par Tns-Sofres via des questionnaires postaux : PAT€R-2002 s'est intéressée à la transmission des préférences entre parents et enfants. Les trois vagues suivantes, PAT€R-2007-2009-2011, ont été réalisées en mai 2007 (avant la crise), juin 2009 et novembre 2011, auprès de plus de 3600 ménages représentatifs de la population française, avec une dimension panel importante - environ 2000 ménages ont été interrogés au moins deux fois, et près de 1100 ménages étaient présents aux trois vagues. Presque chaque enquête reproduit des mesures directes de l'attitude face au risque ainsi que de la préférence temporelle que l'on trouve dans la littérature, comme la loterie hypothétique sur le revenu de Barsky et al. (1997), des échelles autodéclarées de 0 à 10 concernant la volonté de prendre des risques dans divers contextes (Dohmen et al., 2011), ou même des mesures expérimentales. Pourtant, ces mesures, basées sur un nombre limité de questions, souffrent de sérieux inconvénients qui sont analysés dans l'article. C'est pourquoi nous avons développé une méthode alternative de notation afin de mesurer trois types de préférences, envers le risque, le temps, et la progéniture (altruisme) : des scores synthétiques et ordinaux de préférences sont dérivés des réponses données à un grand nombre de questions (principalement) simples de la vie réelle couvrant différents domaines de la vie (consommation, loisirs, santé, investissements, travail, retraite, famille). Aucune question n'est satisfaisante en soi, mais l'idée est que si un certain nombre de questions possèdent une dimension commune, vis-à-vis du risque par exemple, cette dimension sera isolée en agrégeant les réponses, au-delà des effets de cadrage, des erreurs de mesure, etc. : le score obtenu présentera alors une cohérence interne suffisante, telle que mesurée par les tests psychométriques. Au final, les données détermineront ainsi le nombre d'indicateurs - s'il y en a - à introduire pour chaque type de préférence. Sur les cinq enquêtes, cette méthode de notation s'est avérée très cohérente et robuste. Dérivé d'une soixantaine de questions, un seul score de préférence pour le risque a été suffisant à chaque vague (avec un alpha de Cronbach proche de 0,7). En ce qui concerne la dépréciation du temps, deux scores étaient chaque fois nécessaires, marquant le contraste entre les choix à court terme et impulsifs ("impatience à court terme") d'une part, et les décisions à long terme et plus raisonnées ("préférence pour le temps" sur le cycle de vie) d'autre part. Un seul score d'altruisme a été retenu. e contenu de ces quatre scores est très similaire d'une vague à l'autre, de même que leurs déterminants individuels, leur corrélation individuelle dans le temps, le degré de corrélation entre les scores, etc. Enfin, l'effet de ces scores sur le niveau et la composition de la richesse est similaire d'une enquête à l'autre, conformément aux prédictions théoriques, et plus significatif que ceux obtenus pour les mesures alternatives de préférences qui souffrent, en outre, de biais d'endogénéité.
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