Les écarts de pension entre hommes et femmes le long de la distribution : Une application au cas français.

Résumé Dans cet article, nous estimons les contributions relatives à l'écart de pension entre hommes et femmes de la durée de la carrière et des revenus perçus à différents points de la distribution des revenus de pension, ainsi que le rôle joué par les pensions minimales et d'autres politiques partiellement ou totalement non contributives dans la réduction de cet écart. Notre recherche porte sur l'ensemble des retraités en France en 2012 ayant travaillé dans le secteur public ou privé au moins une fois dans leur vie. Nous soulignons tout d'abord qu'à chaque point de la distribution, l'écart de pension entre les sexes est plus important pour les retraités du secteur privé que pour ceux du secteur public. Cela s'explique par le fait que les carrières dans le secteur public sont moins fragmentées et que le calcul du salaire de référence du secteur public ne pénalise pas autant les interruptions de carrière. Cet avantage relatif des femmes dans le secteur public est probablement un facteur supplémentaire expliquant leur surreprésentation dans ce secteur. En appliquant la méthode de décomposition proposée par Firpo, Fortin et Lemieux (2007, 2009), nous montrons que les différences de composition de l'écart de pension entre hommes et femmes sont essentiellement dues à des différences de durée de cotisation et de salaire, avec un effet de la durée de carrière plus faible dans le secteur public que dans le privé. Dans les premiers déciles, l'écart peut être attribué en grande partie aux différences de durée de carrière. Cet effet s'affaiblit progressivement, et les différences de salaire de référence deviennent la principale explication. Nous montrons également que les pensions minimales contributives jouent un rôle extrêmement important pour limiter l'écart de pension entre les sexes dans les premiers déciles, essentiellement dans le secteur privé. Enfin, nous montrons que dans tous les cas, la part inexpliquée de l'écart de pension n'est substantielle que dans le bas de la distribution et, dans une moindre mesure, dans le décile supérieur. La part inexpliquée est généralement plus faible que la part expliquée, et favorise les hommes.