Face à l’importance des investissements nécessaires, investisseurs publics et privés doivent s’associer pour respecter les objectifs climatiques.

Faire évoluer nos modes de production et de consommation vers des modèles bas carbone implique des investissements considérables. Pour le seul cas français, ils seraient de l’ordre de 40 à 60 milliards d’euros par an, selon les estimations du groupe de travail du débat national sur la transition énergétique. Ils sont pourtant indispensables pour respecter l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2°.

Le rapport Canfin-Grandjean, publié en juin dernier, fixe ainsi une feuille de route pour le financement d’une économie décarbonée. Il insiste notamment sur la nécessité de « sortir des subventions aux énergies fossiles » et d’adresser un signal prix carbone incitatif. Il met également en avant la nécessité de mobiliser l’ensemble des acteurs, publics comme privés. Les pays du Nord doivent assumer leurs engagements que ce soit par des contributions directes ou la mise en place de mécanismes de garantie, comme l’explique Gaël Giraud, directeur de recherche au CNRS responsable scientifique de la chaire Energie et Prospérité. De même, en intégrant les objectifs climatiques dans leur stratégie d’investissement, les banques de développement peuvent contribuer à la mise en place de filières respectueuses de l’environnement. Ian Cochran et Mariana Deheza, Directeur et Chef de projet du programme Finance, investissement et climat à l’I4CE viennent ainsi de publier plusieurs études sur le sujet.

Mobiliser public et privé

Mais les acteurs publics ne pourront assumer seuls le financement de la transition. L’engagement des investisseurs privés ainsi que l’orientation d’une part des flux existants vers des projets positifs pour le climat sont essentiels. Un mouvement déjà en route comme le souligne le Directeur général de Paris EUROPLACE Arnaud de Bresson. L’essor des obligations vertes, particulièrement dynamiques en France, témoigne également de l’intérêt des investisseurs pour les critères environnementaux. Si le marché reste porté par les institutionnels supranationaux, comme la Banque mondiale ou la Banque européenne d’investissement, Antoine Rose et Mathilde Girard de l’équipe Sustainable Banking du Crédit Agricole CIB relèvent une diversification des émetteurs.
La prise de conscience est là, et les efforts des parties prenantes sont reconnus. Reste à les poursuivre.

Il faut mobiliser la garantie publique

Directeur de recherche au CNRS, Gaël Giraud est également chef économiste de l’Agence française de développement et directeur de la chaire Energie et Prospérité. Il défend l'intervention de l'Etat dans le financement de la transition énergétique.

 

La participation des fonds publics apparaît essentielle pour financer des projets de transition énergétique pas toujours rentables sur le court terme. Mais dans un contexte d’austérité, comment peut-elle se concrétiser ?

L’un des enjeux, clairement mis en avant, par exemple, par le rapport Canfin-Grandjean est de mobiliser la garantie publique. Si le risque est porté par l’Etat, la profitabilité du projet devient en effet moins essentielle. Le mécanisme a déjà été utilisé en 2008 dans le cadre du plan de sauvetage des banques. La Société de Financement de l’Economie Française (SFEF), a été constituée en quelques jours pour faciliter l’accès des établissements de crédit aux marchés financiers. La SFEF a émis des obligations, garanties par l’Etat, qui ont permis aux banques de se refinancer : près de 77 milliards d’euros ont ainsi été levés entre novembre 2008 et septembre 2009, et ce, avec un apport de fonds propres minimal.

Une société équivalente pourrait être créée pour la transition énergétique, comme cela avait déjà été proposé par le groupe 4 du Comité des experts pour le débat national, l’an dernier.  L’Etat serait actionnaire minoritaire, tandis que des entreprises intéressées par la transition énergétique, comme les professionnels du BTP, compléteraient le tour de table. L’entité accorderait des prêts garantis par l’Etat, à condition qu’ils soient orientés vers les objectifs climatiques. Les dettes émises ne s’inscriraient pas dans les comptes publics ; la société étant de droit privé.

Cette garantie n’est pas sans risque et pourrait s’avérer coûteuse pour l’Etat en cas de défauts de paiement importants…

Il serait possible d’alléger le coût de la garantie par une logique d’assurance. Concrètement, il s’agirait de financer deux projets complémentaires afin d’accroître leur chance de succès. Par exemple, soutenir l’installation de bornes d’hydrogène dans les stations-service, tout en finançant la construction de voiture à hydrogène. En cas de sinistre, c’est-à-dire si les deux projets échouent en même temps, les pertes sont plus élevées, mais la probabilité du sinistre est considérablement plus faible. Si, en moyenne, le risque est moindre, alors c’est profitable pour l’Etat. 

Vous défendez également, avec Alain Grandjean (coauteur du rapport Canfin-Grandjean « Mobiliser les financements pour le climat »), l’utilisation des Droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI. De quoi s’agit-il ?

Le Fonds monétaire international a le droit d’émettre une unité monétaire spécifique réservée aux membres de son board. Les Etats ont ensuite la possibilité de la convertir dans l’une des quatre devises officielles, à savoir le dollar, l’euro, la livre sterling et le yen. Les DTS constituent ainsi une réserve de change quasiment gratuite pour les Etats. Une nouvelle émission pourrait être utilisée pour financer la transition énergétique: c’est ce qui avait été proposé, déjà, en 2010. Mais ce que propose le rapport, c’est de recycler les DTS déjà existants. Or, en 2009, le FMI a créé pour 300 milliards de dollars de DTS frais, dont la moitié à destination des pays du Nord, qui pourraient donc utiliser ces réserves de change pour financer la transition au Sud, et honorer leurs propres engagements. 

Au risque de générer de l’inflation…

C’est effectivement l’argument des opposants. Mais cette crainte n’est pas justifiée car les montants créés seraient très faibles par rapport aux montants en circulation. De plus, nous connaissons plutôt actuellement une période de déflation. 

Enfin, il s’agit de recycler des réserves déjà existantes et qui seront tôt ou tard converties ou bien dont il faut admettre dès à présent qu’elles sont totalement inutiles. Pourquoi les pays du Nord n’utiliseraient-ils pas une partie de cette réserve pour alimenter le fonds vert par exemple ? Chacun contribuerait  à hauteur de son estimation historique d’émission de CO2. L’opération ne serait pas complètement indolore pour les Etats les plus pollueurs, puisque dès qu’un Etat convertit ses DTS en devise il doit s’acquitter d’un taux d’intérêt auprès du FMI. (Du coup, ce serait un peu plus coûteux pour l’Allemagne que pour la France, par exemple.) La vraie question, c’est plutôt : existe-t-il d’autres modes de financement moins coûteux pour l’Etat, et qui lui permette d’honorer ses engagements ? La France ne tient pas son engagement de consacrer 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement, contrairement à l’Angleterre qui tient sa promesse. 

Les outils de financement semblent sur la table. Pourquoi ne sont-ils pas utilisés ?

Le principal frein est celui du dogmatisme monétaire selon lequel toute création monétaire serait inflationniste: ce qui est largement faux. Les premières institutions à créer de la monnaie chaque jour, ce sont les banques privées. Si la création monétaire était ipso facto inflationniste, il faudrait fermer derechef toutes nos banques !

Les mentalités sont toutefois en train d’évoluer. De plus en plus de voix se font entendre pour soutenir le rapport Canfin-Grandjean.

Enfin, le climat a longtemps été considéré comme un sujet purement écologique. Ce n’est que récemment qu’il est aussi abordé sous l’angle financier. Les deux communautés doivent se rapprocher et apprendre à échanger. Mais là encore je suis assez optimiste : le dialogue s’est initié et va se poursuivre.

 

 

Les instituts publics soutiennent l’émergence de nouvelles filières

Les institutions financières de développement ont un rôle clé à jouer pour accompagner les pays vers des modèles de développement sobres en carbone et résilients au changement climatique. Auteurs de plusieurs études sur ce sujet, Ian Cochran et Mariana Deheza,  respectivement Directeur programme Finance, investissement et climat, et Chef de projet Finance, investissement et climat à l’I4CE (anciennement CDC Climat Recherche) font part de leur analyse.

Deheza-Mariana Vous avez réalisé une série d’études sur le rôle des institutions financières de développement dans la transition climatique. Pourquoi mettre l’accent sur ces organismes ?

Depuis quelques années, les acteurs du développement prennent conscience de la nécessité de lier développement économique et climat. Une stratégie de développement doit ainsi tenir compte de la question du long terme. Elle doit veiller à ne pas « verrouiller » les trajectoires des émissions futures avec des infrastructures énergétiques, de transport et industrielles hautement émissives et tenir compte des risques climatiques physiques (comme la sécheresse, ou les inondations, hausses de niveaux de la mer, etc) afin de s’assurer que les besoins des populations seront satisfaits sans pour autant augmenter leur vulnérabilité face aux changements globaux.

Les institutions financières de développement ont donc un rôle clé à jouer dans le financement des secteurs ou technologies à la fois dans la provision de flux financiers, mais également pour aider les Etats bénéficiaires à structurer des stratégies de développement économique sobre en carbone et résilient au changement climatique.

En tant qu’investisseurs publics, les institutions financières de développement sont aussi plus enclines à financer des projets de transition énergétique…

Les projets bas carbone peuvent être effectivement très demandeurs en capitaux. Leurs coûts de construction et d’installation sont généralement plus élevés, même s’ils s’amortissent sur le long terme par des frais de fonctionnement plus faibles. Or, dans de nombreux pays, Etats européens compris, les sources de financements de long terme, nécessaires notamment pour créer des infrastructures, sont rares. Les investisseurs privés sont, de plus, réticents à financer des projets nouveaux qui ne possèdent pas d’historique de rentabilité.

Les instituts publics sont donc essentiels sur ces sujets.  Ils contribuent à l’émergence de marchés et filières, et peuvent avoir un effet d’entrainement sur les acteurs privés.  Il est toutefois important que leurs actions se fassent en concertation avec les pouvoirs publics afin d’être alignées avec la stratégie globale du pays.

Dans l’un de vos papiers, vous insistez sur la nécessité de sortir d’une vision « en silo » de la finance climat. Qu’entendez-vous par là ?

Le climat ne doit pas être traité comme un sujet à part. Financer la transition énergétique ne se résume pas à investir dans les énergies renouvelables. Il s’agit au contraire d’une démarche transversale qui consiste à optimiser tout projet en fonction des objectifs climatiques. D’autre part, le financement ne doit pas se voir uniquement comme une augmentation des flux financiers mais aussi comme une réorientation de l’existant. Autrement dit voir comment on peut satisfaire les mêmes besoins mais de façon moins carbonée et avec une logique de réduction de la vulnérabilité.

Les institutions financières de développement ont-elles réellement intégré les critères environnementaux dans leur démarche ?

Mesurer l’impact environnemental d’un projet est un exercice complexe, mais d’importants progrès ont été réalisés en la matière. Aujourd’hui, les institutions financières passent d’une démarche de simple collecte d’information à l’intégration de ces éléments dans leur processus de décision d’investissement. La Banque européenne d’investissement a, par exemple, créé un standard de performance d’émission de CO2 qui fixe un seuil maximal au-dessus duquel elle ne finance pas des projets de génération d’électricité.

De même, l’Agence Française de Développement a intégré, par le bais une grille de sélectivité, des seuils d’émission de GES dans ses critères d’investissement, avec une modulation des niveaux admis selon le pays et son niveau de développement ainsi que l’existence d’une politique nationale sur le climat.

Que faudrait-il faire pour généraliser ces modes de fonctionnement ?

La priorité est de convaincre tous les Etats de l’importance du sujet : la motivation politique est essentielle pour mettre en place une stratégie bas carbone. Il est par exemple indispensable que les gouvernements et institutions financières de développement collaborent ensemble à l’émergence de trajectoires de développement sobres en carbone et résilientes aux changements climatiques. Trouver des projets à financer en ligne avec les objectifs climatiques représente parfois un vrai défi !

 

Nous proposons de créer un fonds d’investissement dédié au climat

 

Arnaud de Bresson, Délégué général de Paris EUROPLACE, met en avant l’engagement du secteur financier.

 

deBressonArnaudpetiEn mai dernier, la Place de Paris s’est réunie lors du Climate Finance Day afin d’échanger sur les enjeux climatiques. Le secteur financier s’est-il pleinement engagé sur ces questions ?

Comme le souligne le rapport Canfin Grandjean, le secteur financier a intégré l’enjeu climatique « non plus seulement comme un sujet dit extra financier (..) mais comme un risque financier potentiel majeur sur les modèles économiques des entreprises et sur la stabilité financière ». En chiffrant les risques générés par un réchauffement climatique de plus de 2°, les assureurs, notamment, ont contribué à cette prise de conscience.

Le secteur financier participe de façon significative au financement de la transition énergétique, que ce soit à travers les prêts bancaires accordés aux porteurs de projets, via la mise en place d’instruments de couverture des risques par les assureurs et réassureurs, ou par l’intégration des critères ESG dans les stratégies des investisseurs.

Quelle est, selon vous, l’action prioritaire à mener pour respecter les engagements climatiques ?

La mise en place d’un prix du carbone est la priorité. Une tarification du carbone doit être instaurée pour permettre d’atteindre les objectifs fixés en matière de réduction des émissions de CO2.

La transition énergétique nécessite des financements considérables. Les pouvoirs publics recherchent de nouveaux financements, notamment du côté de la fiscalité et d’une éventuelle taxe sur les transactions financières…

Le combat contre le réchauffement climatique et le développement de projets de transition énergétique sont des enjeux essentiels et représentent, en effet, des besoins de financement très importants. Mais ce n’est pas la mise en place d’une taxe sur les transactions financières limitée à 11 pays européens sur 28, qui entraînerait une délocalisation immédiate des activités concernées dans d’autres pays non taxés, qui peut permettre de dégager les ressources nécessaires.

Nous proposons, en revanche,  le lancement d’une plate-forme de fonds d’investissement dédiée au financement de la transition énergétique. Ces fonds seraient abondés par les banques, assureurs, et gestionnaires d’actifs et apporteraient ainsi des financements tangibles aux projets environnementaux.

La question énergétique est étroitement liée à la construction d’infrastructures. Or, les financements disponibles pour de tels projets restent insuffisants… 

Le financement des infrastructures doit s’accélérer, d’une part en améliorant l’identification des projets, et d’autre part en mettant en place les instruments nécessaires que ce soit pour l’analyse des projets ou pour leur financement. Et il est  essentiel de mobiliser tous les acteurs concernés. ParisEUROPLACE a ainsi créé un groupe de travail réunissant industriels, banquiers, assureurs, et représentants des institutions publiques afin d’établir des propositions sur ce sujet.

 

Les obligations vertes, ou green bonds, connaissent une belle progression. Comment se positionne la France sur ce marché ?

Avec 10 milliards de dollars d’obligations en circulation au 31 mars 2015 (source Climate Bonds Initiative), la France est le premier pays émetteur de green bonds. Nous disposons d’une véritable expertise des sociétés de gestion qui regroupent des équipes de recherche en pointe sur les sujets ISR, et donc bien placées pour analyser la qualité des projets environnementaux. De plus, nous comptons d’importantes industries dans le secteur de l’énergie. ENGIE a ainsi émis la plus grosse obligation verte mondiale en mai 2014, avec 2,5 milliards d’euros. EDF a récemment levé 1,25 milliards de dollars, soit la plus grosse opération réalisée dans la devise américaine. Au côté des grosses entreprises privées, le marché français compte aussi des acteurs publics, comme les régions Ile deFrance et Nord-Pas de Calais, ou l’Agence Française de Développement, qui ont eu recours aux obligations vertes pour financer leur « agenda climat ». Nous avons une vraie richesse dans la diversité des émetteurs.

Paris EUROPLACE a d’ailleurs réuni l’écosystème de ce marché (émetteurs, investisseurs, agences de notation financière et extra-financière, etc.) lors du Climate Finance Day co-organisé en mai dernier à l’UNESCO à Paris avec la Banque européenne d’Investissement (BEI) et la Caisse des Dépôts, et a édité à cette occasion un guide présentant l’expertise française en matière d’obligations vertes.

Certains économistes proposent de créer des mécanismes de garantie d’Etat pour assurer le financement de certains projets. Que pensez-vous de cette proposition ?

De tels mécanismes sont indispensables pour certains projets à risque, en particulier pour des projets dans des pays émergents ou dans des secteurs sensibles. C’est la condition pour  des financements de projets internationaux.

Près de 76 milliards de dollars d’obligations vertes sont en circulation

Les obligations vertes, dédiées au financement de projets environnementaux, sont en plein essor. Mathilde Girard Associate Sustainable Banking et Antoine Rose Analyste Sustainable Banking  au Crédit Agricole Corporate and Investment Bank font le point sur ce marché.

 

Les obligations vertes connaissent-elles le même fonctionnement que les obligations classiques ?

 Les obligations vertes, ou green bonds, sont des obligations standards d’un point de vue financier, à la seule différence que les  fonds levés doivent être alloués à des projets bénéfiques à l’environnement. Les émetteurs s’engagent dans la sélection des projets et la réalisation d’un reporting. En 2014, les principaux acteurs du marché se sont ainsi réunis pour établir les Principes des obligations vertes (Green Bond Principles) dont Crédit Agricole CIB a été un membre fondateur. Ces principes ont pour objectif de définir les bonnes pratiques en termes de structuration de Green Bonds.

 

Les définitions des projets éligibles aux obligations vertes semblent toutefois assez hétérogènes, et aucun organisme n’est chargé de vérifier le respect des Principes. N’existe-il pas un risque que certains titres commercialisés comme « verts » ne le soient pas réellement ?

Actuellement, le marché est auto-régulé. Il n’y a pas d’instance chargée de labelliser les obligations vertes. Le risque que certains émetteurs ne respectent pas les bonnes pratiques existe donc, mais nous ne pensons pas qu’il soit majeur. Les émetteurs viennent sur ce marché pour bénéficier d’une communication positive et attirer des investisseurs soucieux des critères ESG. Ils ont tout intérêt à respecter leurs engagements.

L’hétérogénéité des pratiques de reporting existe mais elle s’explique essentiellement par des différences de moyen et système de suivi environnemental et social en place. Une institution comme la Banque Mondiale a la capacité de suivre très précisément l’impact environnemental de ses investissements. Des acteurs plus petits ne peuvent être aussi précis.

Le marché est en pleine croissance, comment expliquez-vous cette progression ?

Nous estimons qu’il y a actuellement 76 milliards de dollars d’obligations vertes en circulation, contre 23 milliards de dollars en 2013. Ce chiffre monte à environ 90 milliards de dollars en incluant les Social Bond (obligations finançant de projets sociaux) et les Sustainability bonds (obligations dédiés aux projets mêlant engagements sociétaux et environnementaux).

Ce marché répond à un besoin des investisseurs  d’un produit simple leur offrant une exposition à des  projets environnementaux.

Les émetteurs, quant à eux, souhaitent mettre en avant leur engagement et développer leur base d’investisseurs.  C’était l’objectif d’EDF, par exemple. Le groupe étant  présent sur le nucléaire, certains investisseurs ne se seraient pas positionnés sur une obligation classique.

Ces titres offrent-ils une bonne rentabilité ?

Le profil de rentabilité est identique à celui des obligations classiques. Il dépend donc de la qualité de l’émetteur et de la structure financière de l’obligation. Le marché s’est développé grâce à cet alignement des prix. Mais il existe un débat actuellement pour savoir si les obligations vertes devraient être moins chères pour les émetteurs.

Les obligations vertes représentent-elles réellement des flux nouveaux, ou soutiennent-elles des projets qui auraient été financés de toute façon ?

Elles financent souvent des projets en développement par les émetteurs. Par contre, des investisseurs créent des poches dédiées aux obligations vertes, générant ainsi de nouvelles sources de financement pour l’efficacité énergétique..

Quel est le profil des émetteurs ?

Historiquement, le marché est né des émetteurs publics nationaux et supra nationaux. Ils ont la capacité d’émettre des titres  de taille importante, et d’assurer la liquidité. Toutefois, les profils évoluent et se diversifient, avec le développement des grandes entreprises et des institutions financières.

Comment voyez-vous l’évolution du marché ?

Le marché doit continuer à grossir avec le soutien des émetteurs réguliers afin de continuer à fournir de la liquidité au marché et de construire un historique de courbes. L’étape suivante consistera également à élargir la typologie des émetteurs, notamment avec les banques qui peuvent se servir des obligations vertes pour se refinancer.  Enfin, nous attendons de plus en plus d’acteurs des pays émergents qui ont de gros besoins de financements environnementaux.