Malgré l’abondance et la générosité des politiques publiques destinées à favoriser l’emploi des jeunes, en particulier les moins qualifiés, la France affiche un retard significatif dans ce domaine par rapport aux autres pays développés. En témoigne la forte proportion de jeunes, qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation (les fameux NEET pour neither in employment nor in education or training). Ainsi, d’après l’Insee, en 2019, 12,9 % des 15-29 ans entraient dans cette catégorie en France, soit 1,5 million de jeunes. Au sein de la zone euro, seules l’Espagne, la Grèce et l’Italie font pire, selon l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).

Pour inverser cette tendance néfaste à l’inclusion économique et sociale de la jeunesse, la France a mis en place différentes mesures visant à développer l’apprentissage, qui cumule une formation en alternance et une expérience professionnelle en entreprise. Les raisons ? Premièrement, en Allemagne, ce type de cursus est très prisé et l’insertion des jeunes sur le marché du travail est supérieure à la France. Deuxièmement, le taux de chômage des apprentis en France est largement inférieur à celui des jeunes issus des lycées professionnels. Cette corrélation a donc poussé les pouvoirs publics à promouvoir l’apprentissage. Cependant, corrélation n’est pas causalité et toute politique publique se doit d’être évaluée scientifiquement pour démontrer son efficacité. Et c’est là où le bât blesse, car l’apprentissage, dans son mode de fonctionnement actuel, ne semble pas forcément être un meilleur tremplin pour insérer les jeunes sur le marché du travail.

Justement, dans ce nouveau numéro de la collection Opinions & Débats, Pierre Cahuc et Jérémy Hervelin, chercheurs au sein de la Chaire Sécurisation des parcours professionnels, ont réalisé une étude, qui mêle testing et randomisation pour comparer le taux d’emploi des apprentis et des élèves de lycées professionnels trois ans après leur cursus. Les conclusions de cette étude apportent des éléments concrets et chiffrés, tout en formulant des recommandations pour améliorer les dispositifs existants.

Bonne lecture !

Jean-Michel Beacco, Délégué général de l’Institut Louis Bachelier